Nouvelle Vague, la déclaration d’amour cinéphile de Richard Linklater
Richard Linklater fait son retour en Compétition avec Nouvelle Vague, une déclaration d’amour malicieuse au premier film culte de Jean-Luc Godard, À Bout de Souffle (1959), mais aussi à cette période charnière du 7e Art que le cinéaste américain revisite avec nostalgie jusque dans ses codes.
Voici près de vingt ans que Richard Linklater n’avait plus connu les honneurs de la Compétition au Festival de Cannes. Dix-neuf ans, pour être précis, depuis Fast Food Nation (2006), long métrage dans lequel l’auteur de la trilogie Before embarquait le spectateur au cœur de la malbouffe. Autant dire une éternité pour tous les fans ce cinéaste américain à la filmographie éclectique et pour qui l’expérimentation narrative, de Waking Life (2001) à Boyhood (2014), n’a jamais représenté un obstacle, mais une façon de rester libre et de se réinventer.
Dans Nouvelle Vague, son trente-troisième film, l’électron libre du cinéma d’auteur américain retrace la création d’À Bout de Souffle, le premier long métrage de Jean-Luc Godard tourné durant l’été 1959. Pour cela, le réalisateur débute son récit quelques mois plus tôt, au Festival de Cannes, où le projet avait alors été imaginé par Godard sous l’impulsion de Claude Chabrol et de François Truffaut, célébré cette année-là par une Croisette tombé sous le charme de ses Quatre Cents Coups.
Davantage que le portrait d’un homme et de son art, Richard Linklater brosse celui de toute une génération de cinéastes et ressuscite l’état d’esprit qui a infusé cette période cinématographique foisonnante, symbolisée par une liberté de ton, d’improvisation, et par un d’attachement à la poésie du quotidien. « C’est l’histoire d’une révolution personnelle du cinéma menée par un homme, et de tous les gens qui l’entourent », a confié le cinéaste aux Inrockuptibles.
Fidèle à son obsession pour le temps qui passe et à sa nature artistique aventureuse, le réalisateur revisite aussi formellement ce mouvement cinématographique qui a bouleversé l’histoire du 7e Art en s’appropriant ses codes pour cheminer, entre montage elliptique, noir et blanc, ruptures de ton et caméra à l’épaule, vers un docu-fiction en forme d’hommage vibrant et inventif. Il signe avec ce film une déclaration d’amour nostalgique au cinéma.